Q : Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Bonjour, je suis Pierre Breesé, physicien et juriste de formation. Depuis plus de 35 ans, j’accompagne des entreprises et des organismes de recherche sur les questions d’innovation, de propriété industrielle et de partenariats technologiques. J’ai commencé ma carrière à l’INSERM dans les années 80, où j’aidais les chercheurs à valoriser leurs travaux auprès du monde industriel. J’ai ensuite fondé un cabinet de conseil en propriété industrielle.
Je suis également président de la société MMT, une « usine à brevets » qui conçoit des solutions mécatroniques sur fonds propres, concédées ensuite en licence aux équipementiers automobiles à l’échelle mondiale. Enfin, je préside le comité « Innovation et Recherche » des Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF).
Ces expériences m’ont permis d’observer les transformations majeures apportées par les nouvelles technologies, qui révolutionnent la façon d’accéder aux informations, de les traiter et de partager les connaissances.
Q : Quelle est votre vision des nouvelles technologies de l’information et de l’IA ?
Je vois l’intelligence artificielle et les technologies de l’information comme des exosquelettes pour le cerveau des ingénieurs. Leur vocation n’est pas de remplacer l’homme, mais d’amplifier ses capacités créatives et opérationnelles. Ces outils modifient profondément la manière d’aborder des problèmes complexes et d’explorer des solutions en exploitant des volumes massifs de données.
Cependant, comme tout outil puissant, ils exigent une maîtrise et un usage éclairé. Une IA utilisée à l’aveugle peut s’avérer aussi risquée qu’un exosquelette manié par un utilisateur maladroit.
Q : Quel impact cela a-t-il sur les compétences des futurs ingénieurs et managers ?
Ces avancées redéfinissent les attentes envers les ingénieurs et les managers. Outre les compétences techniques, il devient essentiel de développer des capacités transversales comme la créativité, la pensée critique, la collaboration interdisciplinaire et la gestion de l’incertitude.
L’ingénieur de demain devra apprendre à travailler avec l’IA, non pas pour éviter de réfléchir, mais pour renforcer sa propre valeur ajoutée.
Q : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes ingénieurs et aux dirigeants ?
Aux jeunes ingénieurs, je recommande de cultiver une curiosité insatiable. Expérimentez les nouvelles technologies avec discernement, ambition et opportunisme pour ne pas vous laisser distancer et en faire un levier de différenciation et d’efficacité.
Pour les dirigeants, je souligne l’importance de laisser place à l’expérimentation. Gardez en tête l’adage un peu caricatural : « Face à une innovation, les Américains en font du business, les Chinois la copient, et les Européens l’étouffent avec des lois et règlements, avant de la subventionner quand elle est exsangue. »
Q : Pour conclure, quelle est votre conviction sur l’IA ?
Je suis convaincu que l’IA fait partie des avancées technologiques que l’ingénieur peut transcender pour apporter de nouvelles solutions aux enjeux de la Société. Mais elle peut aussi être dévoyée par la paresse ou un manque d’ambition.
Il appartient à chacun d’explorer son potentiel et son apport pour renforcer ses capacités, tout en gardant un cap clair. Comme le disait le Guépard : « Il faut que tout change pour que rien ne change. »
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75008 Paris